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  • 18/11/2021

  • 18/11/2021

Journée européenne pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels

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Le cardinal Sean O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, appelle l’Église catholique à regarder la vérité en face à travers des enquêtes comme celle menée en France par la Ciase.

Le modèle de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) pourrait être reproduit dans d’autres pays. C’est, en substance, le message qu’a souhaité faire passer le cardinal américain Sean O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, dans une lettre envoyée jeudi 18 novembre à Ernesto Caffo, fondateur de la ligne italienne Telefono Azzurro à l’écoute des mineurs victimes de violences sexuelles.

À l’occasion de la Journée européenne pour l’abolition des abus sexuels contre les enfants, l’archevêque de Boston appelle l’Église catholique à agir et faire la lumière sur les abus commis en son sein, comme l’a fait la commission Sauvé.

Les données publiées récemment dans le monde sont « sombres », affirme-t-il. En France, l’enquête de la Ciase a en effet estimé à 216 000 le nombre d’abus sexuels sur mineurs commis par des religieux. « En Australie, 40 % des abus sur mineurs survenus sur la période examinée par la Commission royale d’enquête ont été commis dans un endroit lié à l’Église catholique », ajoute-t-il.

Un modèle à répliquer ?

Selon lui, ces statistiques « stupéfiantes » doivent déboucher sur des actions concrètes : « Nous ne pouvons pas laisser notre réaction (à ces chiffres) obscurcir leur objectif, qui est d’évaluer les mesures prises par l’Église pour traiter ce fléau et de faire toutes les recommandations utiles pour la transformation d’un système défaillant sur la base d’une analyse quantitative et qualitative. »

Au Portugal, les évêques créent une commission d’enquête indépendante sur les abus sexuels
Ces investigations pourraient suivre le modèle institué par la Ciase en France. Les évêques portugais ont ainsi annoncé jeudi 11 novembre la création d’une commission similaire à celle menée par Jean-Marc Sauvé pour analyser les causes profondes des abus sexuels dans les milieux cléricaux et dessiner les contours de futures mesures de lutte contre ces violences.

Pour le cardinal américain, les chantiers à mener à travers le monde doivent, à l’image de la Ciase, « être ouverts à l’apprentissage des avancées de la société civile et du monde universitaire en termes de modèles scientifiques de recherche pour une approche plus informée de nos stratégies de prévention et de nos politiques de protection, sur le terrain et en ligne. »

Des résistances encore tenaces

« Nous ne pouvons pas réparer ce que nous ne reconnaissons pas. Nous ne pouvons pas restaurer une confiance brisée si nous ne nous attaquons pas au cœur du problème. Cela nécessite une enquête honnête, une enquête indépendante et une action informée », affirme le cardinal O’Malley.

Pourtant, les résistances restent fortes dans certains pays. En Espagne, l’Église refuse de lancer une enquête de ce type, malgré un petit groupe d’évêques qui ont tenté, sans succès, d’entamer une telle démarche en marge d’une assemblée plénière en novembre. En Italie, l’épiscopat ne souhaite pas, pour l’instant, le lancement d’une investigation. Le pape François a cependant obtenu l’institution d’une Journée nationale de prière pour les victimes dans le pays, en « reconnaissance publique et visible des victimes d’abus sexuels cléricaux et pour promouvoir la sensibilisation de tous les fidèles baptisés et des non-croyants ».

Aux États-Unis, à Baltimore (Maryland), où s’est achevée mercredi 17 novembre l’assemblée d’automne des évêques américains, le cardinal O’Malley participera, jeudi 18 novembre, « en solidarité avec l’initiative » du pape François, à une marche silencieuse « en communion de prière avec des adultes survivants d’abus sexuels sur des enfants, leurs défenseurs, des frères évêques, des chefs religieux de nombreuses dénominations et des représentants de la société civile », indique-t-il. « Lorsque le soleil se lèvera sur le front de mer, nous nous rassemblerons comme un collectif mondial en reconnaissance de notre engagement – religions et société civile – à accompagner les survivants dans un voyage de guérison qui durera toute la vie pour nous tous. »

Photo : Le cardinal O’Malley le 3 mai 2014 au Vatican.TIZIANA FABI/AFP

Source : Journal La Croix