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  • 24/03/2023

  • 24/03/2023

Orthodoxes ukrainiens et russes invités à se réunir à Genève

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En visite à Rome, les responsables du Conseil œcuménique des Églises annoncent vouloir organiser une rencontre entre responsables religieux ukrainiens et orthodoxes, à Genève en mai prochain.

Plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, les responsables religieux des Églises orthodoxes ukrainiennes et russes renoueront-ils le dialogue? C’est l’objectif que poursuit le Conseil œcuménique des Églises (COE), en projetant de réunir Ukrainiens et Russes à Genève, en mai prochain, lors d’une initiative inédite.

Les supérieurs de l’organisation, qui rassemble des représentants chrétiens du monde entier depuis sa fondation en 1948, ont exposé, jeudi 23 mars à Rome, leur projet au pape François, avec qui ils ont longuement discuté du conflit entre les deux États à l’est de l’Europe.

Trois jours
« Nous espérons que les responsables d’Églises puissent parler sur la manière d’apporter la paix, dans ce contexte de guerre », explique le secrétaire général de l’organisation, le pasteur sud-africain Jerry Pillay, qui a trouvé dans le pape un « œcuméniste convaincu ».

Le Conseil œcuménique des Églises a ainsi adressé aux responsables orthodoxes d’Ukraine et de Russie des invitations à discuter pendant trois jours : « Un jour avec la délégation ukrainienne, un deuxième avec les Russes, puis un troisième avec les deux délégations », détaille Jerry Pillay.

En réalité, pour les responsables de l’organisation œcuménique, l’enjeu est double : réunir, bien évidemment, Russes et Ukrainiens autour d’une même table, mais aussi les Ukrainiens eux-mêmes, dans un contexte où les tensions entre les Églises orthodoxes sont particulièrement fortes dans le pays. L’une est en effet historiquement rattachée au Patriarcat de Moscou, tandis que l’autre est une église autocéphale – c’est-à-dire autonome.

« Nous n’allons pas parler de politique, mais de foi »
La date de cette réunion n’est pas encore arrêtée, et les négociations avec les parties sont toujours en cours. « Nous n’avons pas encore un accord, mais nous espérons que nous l’aurons », insiste le secrétaire général du COE, qui rappelle que son organisation est une « plateforme qui peut servir à résoudre des tensions et des problèmes ».

À travers ces discussions, les responsables du COE n’entendent pas aborder directement des questions politiques. « Ce n’est pas dans nos prérogatives, avertit le secrétaire général. Comme Églises, nous parlons de la doctrine sociale. Nous n’allons pas parler de politique, mais de foi. »

« Évidemment, poursuit-il, si en sortant de la salle, tous disent : “Comme responsables d’Église, nous pensons que la guerre doit s’arrêter”, nous serons heureux. »

À l’intérieur même du COE, l’Église orthodoxe russe poursuit sa participation au travail mis en place par l’organisation, même depuis le début de la guerre, et les craintes « d’espionnage » soulevés par certains. « Nous avons des membres de l’Église orthodoxe russe, détaille l’évêque protestant allemand Heinrich Bedford-Strohm, qui préside le comité central du COE. Mais quand nous parlons, c’est du Christ. » Avant d’ajouter : « Mon sentiment est qu’il n’est pas facile pour eux de parler librement. »

Source : Journal La Croix

Photo : Copyright CIRIC

Loup Besmond de Senneville