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  • 21/11/2021

  • 21/11/2021

Dies Natalis du Vénérable Emmanuel d’Alzon

Homélie du P. Général

Rome Immagine correlata a Dies Natalis du Vénérable Emmanuel d’Alzon

Dimanche du Christ-Roi, année B, 21 novembre 2021

Chers Frères et chères sœurs, Nous avons une belle coïncidence dans la liturgie de ce jour. En effet, nous unissons dans une même célébration la fête du Christ, Roi de l’Univers, et le dies natalis de notre fondateur, le Père Emmanuel d’Alzon. Celui qui avait pris pour devise de sa congrégation « Que ton règne vienne » est honoré lors de ce dernier dimanche de l’année liturgique.

Emmanuel d’Alzon avait une authentique passion pour le Royaume de Dieu. Il y a consacré toute sa vie et toutes ses forces jusqu’à son dernier souffle. L’énergie qu’il a déployée pour fonder ses deux congrégations n’avait qu’un seul but : travailler à l’avènement du Règne de Dieu. Si nous sommes là aujourd’hui, Augustins de l’Assomption et Oblates de l’Assomption, c’est à cause de cette passion débordante pour le Christ. Peut-être parfois sommes-nous enclins à l’oublier, mais c’est le même « Esprit » qui poussa Emmanuel d’Alzon à fonder l’Assomption, qui nous a poussés à devenir religieux ou religieuse. Aujourd’hui, héritier de d’Alzon nous sommes mobilisés par la même énergie et par la même passion.

Quand on parle de « royauté », nous pouvons avoir un certain malaise. Les Français qui furent parmi les premiers à abolir ce régime politique dans l’histoire et qui coupèrent la tête au roi, sont peut-être réticents devant le concept de royauté. D’autres nations qui ont été plus tolérantes envers la monarchie ne comprennent peut-être pas mieux le sens profond de la royauté du Christ. Disons-le simplement, il peut y avoir de nombreux malentendus entre ceux qui veulent restaurer une chrétienté triomphante et ceux qui voient dans le règne de Dieu le don total de son fils dans le sacrifice de la croix.

Les lectures de ce jour peuvent nous aider à mieux saisir ce que l’on entend par royauté du Christ et nous avons aussi l’aide d’Emmanuel d’Alzon. L’évangile selon saint Jean nous met devant une constatation : Jésus n’a jamais revendiqué pour lui le titre de Roi. Même s’il a reconnu que sa royauté n’était pas de ce monde, il a toujours refusé les titres de gloire. Il ne dit jamais qu’il est le fils de Dieu ni qu’il est roi ou encore messie. Il se présente sous l’humble apparence du prophète de Galilée, un homme qui parcourt les routes pour annoncer le Royaume qui vient. A la suite de Jean le Baptiste, Jésus nous fait comprendre que la règne ne peut être accueilli que par la conversion des cœurs. Il est déjà présent en nous et il est force de transformation de l’univers. A la question de Pilate, Jésus a cette réponse : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » Il y a donc quelque chose de fondamentale pour nous encore aujourd’hui. La vérité que Jésus est venu nous révéler ne peut se découvrir qu’en écoutant sa voix. Le Royaume ne peut progresser en nous que si nous nous mettons à l’écoute amoureuse du fils de Dieu. Le royaume progresse par l’écoute de la Parole. Comme le disait Emmanuel d’Alzon : « pour aimer Jésus-Christ il faut le connaître, il faut en étudier les perfections. Elles nous sont révélées dans les saintes Ecritures dont le but final est Jésus-Christ ». Jésus Christ connu, aimé et imité, voici ce que notre fondateur nous demande de vivre le plus intensément possible.

Mais, je voudrais que nous réfléchissions un peu sur notre connaissance du Christ. C’est la lecture du livre de l’Apocalypse qui me pousse à chercher à comprendre mieux quelle est la figure du Jésus que nous espérons. J’aime beaucoup dans la liturgie que nous prions celui qui est, qui était et qui vient. La Bible se termine avec cet appel retentissant qui doit nous faire exulter : « Viens Seigneur Jésus », Maranatha ! L’apocalypse nous dit : « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. » Il y a bien le Christ de l’histoire, celui qui était. Il y a aussi le Christ d’aujourd’hui, celui qui est, mais il y a le Christ qui vient, l’oméga de l’histoire des hommes. Le Christ de l’histoire nous y avons accès par les Écritures, le Christ d’aujourd’hui, nous le rencontrons dans les hommes et les femmes de ce temps et particulièrement dans les petits et les exclus. Mais quel est ce Christ qui vient ? Jésus reviendra à la fin des temps pour tout récapituler, c’est-à-dire tout rassembler dans sa royauté. Le Christ qui vient est à chercher dès maintenant car son Règne est tout proche. Nous avons un effort à faire pour croire que Jésus peut surgir dans le cours du temps et nous entraîner à sa suite pour transformer le monde. C’est notre espérance. Le Christ oméga, le Christ qui arrive est pour nous la force de salut et de vie. Dans nos existences marquées par les limites et les faiblesses, il est celui qui déborde de vie et nous fait participer à la divinité. Le Christ oméga est déjà visible quand nous regardons le monde avec amour et espérance. Quand dans le brouillard qui entrave le jour nous pouvons apercevoir le soleil qui va venir, le Christ est là. Le Royaume est là quand nous aimons d’un cœur généreux les frères et sœurs qui nous sont donnés.

Emmanuel d’Alzon a toujours cru que le Royaume triompherait sur cette terre. Alors que nous sommes ses héritiers, nous pouvons avoir la même foi que lui et espérer que le monde présent peut être radicalement transformé. Cela passe par notre conversion. C’est reconnaître que nous avons un royaume et que celui-ci est Dieu lui-même.

Père Benoît Grière, Supérieur Général