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  • 10/12/2021

  • 10/12/2021

Homélie du P. Général

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« Je suis le Seigneur ton Dieu, je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin où tu marches ».

Chers Frères et chères sœurs, pendant près de 10 jours nous avons eu notre réunion du conseil général plénier. Nous avons voulu faire de ce temps de rencontre et de travail un temps synodal, c’est-à-dire un temps où l’on marche ensemble pour avancer résolument vers le Royaume de Dieu.

Paradoxalement, nous n’avons pas beaucoup marché, si ce n’est lors de la sortie de dimanche après-midi. Nous sommes restés à la maison passant notre temps à écouter et à échanger la vie de notre petite famille religieuse. Mais je crois pouvoir dire que le Seigneur nous a guidés sur le chemin où nous avons marché. Un chemin marqué par la fraternité et la disponibilité à l’autre et à l’Esprit saint.

L’évangile de ce jour est un stimulant pour mieux faire. Jésus est très rude dans son appréciation du monde qui l’entoure : « à qui vais-je comparer cette génération ? » Le peuple qui l’entoure est vu comme un groupe de gamins assis sur les places et qui chahutent d’autres enfants. Cette génération n’est pas à l’unisson des envoyés de Dieu. Elle veut toujours le contraire de ce que Dieu propose : elle chante et se réjouit quand Dieu vient sur la forme d’un ascète. D’où son jugement à l’encontre de Jean : il est possédé. Elle se lamente quand Dieu vient à elle sous la forme de quelqu’un qui mange et qui boit. D’où son jugement à l’encontre de Jésus : c’est l’ami des pécheurs, un impur.

Il faut le reconnaître : nous sommes souvent versatiles, changeants et rapides dans nos appréciations des signes des temps. Alors, je considère cet évangile comme une invitation à regarder le monde tel qu’il est pour en déceler la présence de Dieu. Sous quelle apparence Dieu vient-il nous visiter aujourd’hui ? Ici, en Europe, nous sommes confrontés à la tragédie des migrations. Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants disparaissent, victimes du refus de nos pays d’ouvrir leurs frontières. Victimes aussi de ces trafiquants d’êtres humains que sont les passeurs qui s’enrichissent avec la misère des pauvres et des petits. Dieu est présent là et nous le rejetons. Dieu est aussi présent chez tous ceux qui œuvrent pour une plus grande justice et pour la défense de la Création. Sommes-nous attentifs à collaborer avec tous ceux qui sont passionnés par l’avenir de notre Terre ? Nous sommes comme Jacob qui se réveille et découvre que Dieu était là et qu’il ne le savait pas (Gn28,16) » Jacob sortit de son sommeil et déclara : « En vérité, le Seigneur est en ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas. »

Que faut-il faire pour voir la présence de Dieu en notre monde ? Comment pouvons-nous ouvrir nos yeux pour déceler les merveilles et retrouver l’espérance qui nous fait tant défaut ? Probablement en retrouvant l’esprit d’enfance, celui qui nous fait vivre dans la confiance et voir ce que les yeux ne peuvent pas voir. Il faut aussi acquérir la Sagesse de Dieu. C’est elle qui a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. Emmanuel d’Alzon nous demandait de vivre en cultivant les vertus surnaturelles. Il s’agit d’apprendre à voir, à travers l’obscurité du monde, les réalités du Royaume qui vient. Dieu était là et je ne le savais pas disait Jacob. Où est-il ton Dieu demande l’incroyant devant le mal et la souffrance ? Où est-il notre Dieu alors que nous sommes accablés par une crise terrible au sein de notre Église ? Dieu est là qui nous invite à la découvrir dans les plus petits et les plus faibles. Bientôt, il sera parmi nous sous l’apparence d’un petit enfant vulnérable et fragile, né dans une famille ballotée par les refus d’hospitalité. Et pourtant, c’est lui le Roi du monde. C’est lui qui vient et qui est notre sagesse. Demandons au Seigneur la grâce de pleurer avec ceux qui pleurent et de nous réjouir avec ceux qui sont dans la joie. L’Assomption est solidaire de chacun des hommes et femmes de ce temps. Nous sommes avec eux témoins de l’amour de Dieu. Viens Emmanuel, viens nous sauver !