Nouvelles
J’aime l’Assomption !
AA-Info n. 24
Rome
Editorial
P. Benoît Grière
Supérieur Général des Augustins de l’Assomption
Après avoir vécu 12 années à Rome à la tête de notre famille religieuse, je voudrais rendre grâce pour tout ce que j’ai pu apprendre et découvrir. Notre congrégation est, comme aimait à le dire notre bien-aimé fondateur le P. Emmanuel d’Alzon, une petite famille. Même si aujourd’hui nous frôlons le nombre de 1 000 religieux, nous resterons modestes et humbles. Nous le savons bien : nous ne sommes pas les meilleurs. Déjà le regretté P. Hervé Stéphan nous avait rappelé le principe de réalité, dans un beau texte un peu oublié où il disait qu’enfants, nous pensions que notre père était le plus fort, jusqu’au jour où nous découvrions qu’il était fragile comme tout un chacun. Nous pouvons rêver d’une Assomption forte, grande et belle, mais nous ne sommes que des ouvriers envoyés à la vigne par le Seigneur. C’est lui, et lui seul, qui fait grandir et donne la récolte. C’est l’humilité qui doit nous conduire dans toutes nos actions, quelle que soit la responsabilité qui nous échoit. Notre force réside en Dieu seul, et c’est la passion que nous avons pour son Royaume inauguré par Jésus qui nous anime.
La charge de supérieur général m’a mis en relation avec la plupart des frères dans le monde. Je remercie chacun des religieux d’avoir pu lors de nos entretiens me faire connaître son amour pour le Christ et pour l’Église. J’ai pu voir comment chacun s’engageait pour faire connaître le Royaume de Dieu. J’ai pu constater les solidarités concrètes avec les petits et les faibles de nos sociétés. J’ai eu à vivre la perte de nos trois frères enlevés, Edmond, Jean-Pierre et Anselme, celle de Vincent Machozi, sauvagement assassiné le jour des Rameaux. Je me suis associé à la meurtrissure permanente infligée au peuple du Nord-Kivu. J’ai connu aussi la joie d’accueillir de nouveaux frères, mais la tristesse d’en voir partir un certain nombre. La fidélité reste un défi que nous avons tous à relever. L’Alliance laïcs-religieux est aussi une force vive, avec laquelle nous vivons un partenariat de proximité. Nous continuerons le chemin ensemble. L’Assomption m’a permis d’aller plus loin dans la connaissance de l’Église. Vivre à Rome, ville du pape, est un privilège qui m’a permis de travailler sous le pontificat du regretté Benoît XVI et celui de François. L’un et l’autre ont un style différent, mais c’est la même passion pour le Christ qui les anime.
J’ai eu la chance de rencontrer Benoît puis François. J’ai été marqué par la profondeur spirituelle et la douceur du pape bavarois et son étonnante mémoire. Avec François, c’est la simplicité et la détermination qui m’ont frappé. François est un homme décidé et résolu. Il est prêt à faire changer l’Église pour une plus grande fidélité à l’Évangile.
Alors que nous vivons une crise profonde dans le monde et dans l’Église, il m’apparaît plus que jamais nécessaire que nous relevions le défi du prophétisme. La vie religieuse nous pousse à annoncer à temps et à contretemps les Béatitudes. Nous ne pouvons pas nous affadir, et les prophètes de malheur de tout poil n’ont pas à obscurcir l’horizon. Dieu ne nous abandonne pas. Oui, j’aime l’Assomption malgré ses limites, ses faiblesses. Je suis sûr que chaque frère a un potentiel surprenant grâce à la force de l’Esprit-Saint.
Alors que je vais passer la main à mon successeur— qui sera un don du Seigneur à la congrégation —, je prie pour que nous soyons tous mobilisés pour la mission. Si dans mon ministère j’ai blessé l’un ou l’autre, j’en demande pardon. Si j’ai pu faire du bien, j’en rends grâce à Dieu. Au moment de conclure, je citerai Emmanuel d’Alzon : « Un assomptionniste doit être mécontent de soi tant qu’il n’a pas fait cent fois plus qu’il ne peut... Et son repos alors consiste à faire mille fois plus. » (Écrits spirituels, p. 182) Oui, il reste beaucoup à faire. J’ai conscience que mon action a été limitée, mais je suis sûr que Dieu donnera à celui qui me succédera et à son équipe une énergie renouvelée pour aller plus loin et faire mieux.
Pour lire AA-Info :
/documenti/allegati/2023/aa-avril-2023.pdf